Le fétichiste de pied prend un réel plaisir à regarder, sentir, toucher, embrasser un pied. Que la pratique nous laisse perplexe, voire amusé.e lorsque l'on n'est pas adepte de cette pratique, on ne s'en cache pas. Et pourtant. Tirons une bonne leçon du fétichiste.
Alors que nous sommes capables de définir assez clairement nos compétences et autres savoir-faire pour un entretien de boulot, parce que nous y avons réfléchi, et que nous nous sommes préparé.e.s, nous semblons désemparé.e.s lorsqu'il s'agit de décrire ce qui nous plaît, ce qui nous fait vraiment plaisir. Nous nous retrouvons ainsi en vacances à la mer sur une plage bondée en râlant, dans des soirées qui se succèdent et se ressemblent en boudant, dans un lit, fatigué.e et blasé.e, en réalisant un mortel ennui.
Nous ne nous posons pas vraiment la question de ce qui nous ferait plaisir, ou nous laissons l'autre (ou les autres) faire le choix pour nous, peu habitués à explorer et à exprimer nos désirs profonds.
Le fétichiste, lui, sait. Il a repéré exactement là où ça fait du bien, ce qui lui fait tourner la tête, le met en transe, l'envoie au septième ciel. Escarpin noir ou rouge, combinaison de cuir, latex ou coton, odeur de fleur ou de sueur, chaîne ou ruban, plume ou fouet, mots crus ou incantation mystique... Il sait parfaitement ce qui le touche.
Et si nous nous penchions un peu plus sur ce qui nous fait vraiment vibrer? Et si nous assumions que notre plaisir est peut-être ailleurs, que nous en ayons notre propre définition? Et si nous essayions de l'exprimer, aussi "bizarre" puisse t-il se dévoiler ?
Quand Giacometti a quitté la Suisse pour la France et rompu avec sa famille et ses proches, il a laissé tomber l'impressionnisme initié par les artistes de l'époque et s'est lancé de façon obsessionnelle dans la création de ces figures élancées et hantées qui ont d'abord surpris, été moquées, puis sont devenues sa signature. Aujourd'hui, nous reconnaissons l'authenticité de son désir dans ses créations.
Et vous quel fétichiste êtes-vous?
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